Les anglonautes

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Enseignants en France

 

coût de la vie,

revendications salariales et statutaires

des professeur-e-s de collège et de lycée

 

2024

 

Constat

 

 

 

Les Anglonautes militent pour un relèvement important du salaire des professeurs qui travaillent en France pour l'Education nationale, en collège ou en lycée.

Nous partons du constat qu'un-e enseignant-e n'est pas une construction statistique, qu'elle est une personne vivant dans un monde qui est, depuis les années 1980s, traversé par une crise économique grave et par une inflation de long terme, inflation qui ne date donc pas seulement de la période post-pandémique de 2022-2023, lorsque les prix ont augmenté fortement :

depuis les années 1990s, nombre d'enseignants doivent faire face à des problèmes économiques qui s'accumulent, et que les salaires de 2024 ne permettent pas de surmonter.

 

 

 

Un enseignant peut être confronté à diverses situations économiques - qui peuvent s'additionner - auxquelles il est difficile de faire face sans s'endetter, en ayant recours soit à un prêt, soit à un découvert perpétuel.

 

Les banques profitent de cette situation : par exemple, pour un salaire de 2 400 euros, un découvert permanent de 1 000 euros est autorisé par le Crédit Mutuel (information : fin 2016).

 

Voici une liste des situations où il est difficile de s'en sortir financièrement, même en faisant attention à son budget :

 

séparation,

 

divorce,

 

frais d'avocat non pris en charge par les assurances,

 

recomposition de la famille,

 

perte des allocations familiales,

 

location d'un studio ou d'un appartement en région parisienne,

 

déménagement

 

décès du conjoint ou d'un proche,

 

chômage du conjoint ou des enfants,

 

alimentation : achat de légumes et de fuits

 

financement des études supérieures des enfants

en France où à l'étranger,

 

maladies physique ou mentale qui entraînant des frais importants, non remboursés par la sécurité sociale.

 

prise en charge financière d'enfants/ adolescents qui rencontrent des problèmes psychologiques

 

avancement de certains soins médicaux,

 

paiement de soins médicaux peu ou non remboursés par la Sécurité sociale :

en 2016, pour un adolescent de moins de 16 ans, sur 5 720 euros à régler sur trois ans pour un "traitement multi-attaches en technique vestibulaire" (orthodontie), 1 000 euros environ sont remboursés par la sécurité sociale et la MGEN),

 

achat d'une nouvelle paire de lunettes et de nouveaux verres : en 2019, pour une paire de lunettes standard et des verres progressifs, environ 350 euros ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale et par la MGEN.

 

achat de matériel médical indispensable mais peu ou non remboursé (matériel sans code LPP, par exemple un nébulisateur - 400 euros - pour les personnes souffrant d'une maladie respiratoire),

 

impossibilité de payer en avance des frais de dentiste :

lorsqu'on est endetté, il n'est pas facile d'avancer 81 euros (coût, en novembre 2016 et en région parisienne, pour une radio (4 clichés), un détartrage et une pose de collet).

 

prise en charge financière de parents invalides ou en maison de retraite,

 

voyages pour soutenir un proche endeuillé, handicapé ou en difficulté.

 

 

 

 

Selon la grille de rémunération salariale de l'Education nationale établie au 1er septembre 2014, un professeur certifié, après vingt ans de carrière, gagne entre 2324 et 2 498 euros net par mois.

Citant cette source, le quotidien gratuit Metronews affirme qu'un professeur gagne "2 469 euros net en moyenne" (17 novembre 2014) - ce qui ne veut strictement rien dire :

pour une personne enseignante, l'économie n'a rien de statistique. Un salaire ne se résume pas à un nombre abstrait et isolé d'autres nombres.

Une évidence souvent oubliée par de nombreux médias, qui "statistisent" les enseignants et leurs salaires.

Rappelons cette évidence : le montant d'un salaire net ne signifie rien lorsqu'il n'est pas corrélé d'une part :

- aux dépenses courantes et donc prévisibles (le loyer, extrêmement élevé en région parisienne depuis les années 1980s, les factures d'énergie en forte hausse depuis les années 2020s, l'alimentation à des prix défiant l'imagination en 2023, les études des enfants, la prise en charge de parents âgés...),

- et d'autre part aux frais exceptionnels :

 

décès d'un proche,

 

maladie chronique et de longue durée
non prise en charge par la sécurité sociale,

 

soins ou matériel médical peu ou pas remboursés,

 

voyage,

 

voyage scolaire des enfants,

 

achat de voiture, d'ordinateur, de produits électro-ménagers indispensables (lave linge), de cadeaux pour Noël,

 

déménagement... (en région parisienne, déménager coûte cher, entre 2000 et 7000 euros).

 

Revenons un instant sur "voyage" :

ce mot évoque "vacances" ou "évasion". Mais il faut aussi malheureusement voyager parfois pour d'autres raisons, par exemple pour soutenir un parent âgé ou pour se rendre à un enterrement. Et ces voyages ont un coût important (tout le monde n'a pas l'âge ou l'envie de faire du co-voiturage).

 

De même, le salaire doit être mis en parallèle avec d'autres revenus éventuels.

 

Or, nombre d'enseignants sont célibataires ou séparés, n'ont pas de patrimoine, et ne disposent que d'un seul revenu : leur salaire.

 

Tous les enseignants ne sont pas propriétaires de leur résidence principale, ou d'un autre bien qu'ils loueraient pour en tirer un revenu, ou pour passer des vacances à bon marché.

 

Rappelons aussi que nombre d'enseignants ne sont propriétaires
d'aucune résidence.

 

Toujours au chapitre des revenus, rappelons que :

beaucoup d'enseignants ne donnent pas de cours particuliers
- ils n'en ont pas le temps, vu leur charge de travail.

Ils n'ont pas de treizième mois et pas de comité d'entreprise qui pourrait leur donner accès à des vacances ou à des loisirs à prix réduit.

 

Dernier point, les enseignants n'ont pas toujours comme conjoints
des personnes aisées, ou une famille qui puisse les aider en cas
de difficultés financières, leur évitant ainsi de s'endetter.

 

Ces faits sont oubliés par certainspolitiques et média : "l'enseignant" est souvent présenté comme une construction statistique - nous pourrions même dire : "statistifié".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En 2023, les rémunérations des enseignants sont très loin de ce que devrait être un salaire normal.

 

Un salaire "digne" devrait permettre de faire face :

aux dépenses du salarié et de sa famille (frais prévus ou imprévus), mais aussi de financer des projets professionnels, culturels ou personnels (matériel pédagogique / informatique, loisirs, produits culturels pour soi ou pour ses élèves, vacances, achat de billets de train, achat d'un logement, séjours linguistiques et études supérieures des enfants en France où à l'étranger, épargne pour la retraite, etc.)

ou

de soutenir ses proches, par exemple des enfants étudiants (ou actifs, mais dont le salaire indigent, avec par exemple bac + 5 et un an de stage à l'ONU, ne dépasse pas les 1500 euros), ou des parents isolés, invalides ou en maison de retraite.

 

Or les chiffres sont là :

 

Rappelons que depuis 2019, les salaires nets sont également nets d'impôt sur le revenu, puisque celui-ci est automatiquement prélevé à la source.

 

Janvier 2020 : au bout de 20 ans de carrière, un professeur certifié bi-admissible au 5e échelon gagne seulement 2 700 euros nets pour un service de base de 18 heures devant élèves.

 

Janvier 2020 : au bout de 15 ans de carrière, un professeur agrégé au 8e échelon gagne seulement 2 200 euros nets pour un service de base de 14 heures devant élèves.

 

2019: au bout de 30 ans de carrière, un professeur agrégé au 11e échelon, classe normale, gagne seulement 2 880 euros nets (août) / 2 797 euros nets (septembre) pour un service de base de 14 heures devant élèves.

 

Septembre 2015 : pour son premier salaire, un professeur certifié stagiaire gagne seulement 1 405 euros nets.

 

2015 : après 6 ans d'études et presque 2 ans de carrière (avril 2015), un enseignant certifié, au quatrième échelon, gagne seulement 1 830 euros nets pour un service de base de 18 heures devant élèves.

 

Autre exemple : après 6 ans d'études et 17 ans de carrière, pour un service de base de 18 heures devant élèves, un enseignant bi-admissible (qui a eu le CAPES et été admis deux fois à passer l'oral de l'agrégation) gagne seulement 2 384 euros nets (mars 2015) au neuvième échelon.

 

 

 

 

 

Il faut déduire de ce salaire l'impôt sur le revenu, qui correspond ici à environ un mois de salaire.

 

Rappelons que l'on est légèrement moins imposé quand on est "parent isolé".

Ce terme fiscal désigne un parent séparé ou divorcé qui vit seul avec ses enfants :

2130 euros d'impôts sur le revenu annuel pour un salaire mensuel de 2 384 euros, avec un enfant en lycée à charge et un en garde alternée (déclaration 2015 sur les revenus de 2014).

 

L'impôt est réduit en cas de pension alimentaire (après un divorce ou une séparation) :

pour un salaire mensuel de 2384 euros, le paiement d'une pension alimentaire mensuelle de 400 euros abaisse l'impôt à 1500 euros
(chiffres de 2015).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les enseignants sont des professionnels de l'éducation.

 

Ils ont passé des concours difficiles, après plusieurs années d'études (entre bac + 4 / + 6).

 

Dans des classes parfois surchargées (jusqu'à 38 ou même 40 élèves, et jusqu'à parfois 32 en classes de langues vivantes) et peu motivées, et dans des conditions souvent "épuisantes" - un mot qui revient souvent, quel que soit l'âge des enseignants -, les enseignant-e-s forment les jeunes qui feront la France de demain.

 

Ils travaillent au minimum 40 heures par semaine :

un certifié a 18 heures de service et au moins autant en préparation, recherche de documents et corrections de copies / podcasts, sans parler du cahier de texte électronique à remplir, des échanges de mails, des conseils de classe, des réunions, des entretiens avec les parents, des conversations avec les élèves, de l'encadrement de divers travaux d'élèves, du suivi d'un stagiaire, de la préparation d'activités comme les sorties ou les voyages, de l'édition de sites Internet, etc.

 

N'oublions pas aussi qu'enseigner est un métier difficile - faire cours à 30 / 40 élèves demande de l'énergie, même pour un jeune enseignant, même lorsque l'on ne travaille pas dans une "zone sensible."

 

Il faut aussi faire face aux pressions et remarques de certains élèves et de parents d'élèves, notamment pour annuler des sanctions ou pour remonter des notes. Dans certains cas, ces pressions et remarques équivalent, sans aucune exagération, à du harcèlement.

 

Depuis de nombreuses années, le mot qui revient le plus souvent chez les collègues, quel que soit leur âge, est : "épuisant".

 

On ne sort pas d'une journée de cours sans avoir besoin de récupérer.

 

Ce qui veut dire qu'en rentrant chez soi, il est difficile de corriger des copies, de préparer des cours, etc.

 

Une partie de ce travail est souvent reporté aux week-ends / vacances, ce qui affecte la vie familiale.

 

Or, depuis plusieurs décennies, en récompense de cet engagement, beaucoup de professeurs de collège ou de lycée perçoivent un salaire très insuffisant, qui aura de plus des conséquences - graves pour certains - sur leur retraite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les enseignants français sont parmi les moins bien payés en Europe :

 

"En effet, la France rémunère plutôt mal ses enseignants par rapport à ses voisins. C’est ce qu’a confirmé l’OCDE en comparant en 2014 les salaires annuels « réels » (primes et allocations comprises) des enseignants de ses pays membres en 2012. On y apprend que les rémunérations des Français se situent en dessous de la moyenne des 36 pays étudiés de la maternelle au lycée. Elles se situent loin derrière celles pratiquées aux Etats-Unis ou en Allemagne, par exemple. Et c’est à l’école primaire que l’écart est le plus marqué (− 14 % par rapport à la moyenne, − 40 % par rapport à l’Allemagne)."

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/05/31/
les-profs-francais-vont-ils-vraiment-rejoindre-les-mieux-payes-de-l-ocde
_4929831_4355770.html

 

 

 

 

"La rémunération d'un prof en Allemagne est fixée en fonction du type d'établissement, de son âge et de son statut: salarié ou fonctionnaire. Outre-Rhin, ce sont les länder qui sont responsables de la rémunération, et le différentiel est parfois saisissant. A l'Est de l'Allemagne, Berlin comprise, les professeurs restent des salariés et perçoivent à ce titre des centaines d'euros de moins que leurs collègues fonctionnaires de l'Ouest

[ Anglonautes : information confirmée en mars 2015 par un collègue allemand en poste à Berlin ].

Selon la Commission européenne, les professeurs allemands sont mieux payés que la plupart de leurs collègues européens. Les professeurs de niveau collège sont payés entre 42.200 et 57.900 en fonction de l'ancienneté. Au lycée, cette rémunération s'échelonne entre 45.400 et 64.000 euros."

http://fr.myeurop.info/2013/09/18/
r-mun-ration-des-profs-en-europe-de-400-8000-par-mois-12247

 

 

 

 

En France, le pouvoir d'achat des enseignants a baissé au minimum d'un quart en trente ans :

 

"entre 1981 et 2004, le baisse du pouvoir d’achat des profs est de l’ordre de 20% d’après l’économiste Robert Gary-Bobo, qui estime que « pour que les enseignants retrouvent, sur leur cycle de carrière, les mêmes espérances de gains que leurs aînés, recrutés en 1981, il faudrait revaloriser les salaires d’au moins 40 % » ; dans le primaire, la création du corps des professeurs des écoles compense pour partie (mais il reste aujourd’hui encore pas mal d’instituteurs…)

 

- le pouvoir d’achat des profs français a baissé de près de 10% entre 2000 et 2010 (source OCDE) ; sur cette période, seuls les enseignants japonais, et à un moindre degré les Suisses, ont connu pareil sort (mais leur salaire reste très supérieur à celui des français)



- en moyenne dans l’OCDE, les profs des autres pays ont été augmentés de près de 20% sur cette période ; les profs français restent donc parmi les moins bien payés des pays de l’OCDE, au niveau de pays comme la Grèce ou la Slovénie (où le niveau de vie général est bien moins élevé)."

http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/2014/03/17/
un-professeur-des-ecoles-a-perdu-jusqua-1350-e-de-salaire-depuis-2010.html

 

 

 

 

 

Pour un enseignant célibataire qui vit seul, sans enfants ou séparé avec enfants, qu'il soit certifié, bi-admissible à l'agrégation ou agrégé, et quel que soit son grade et son ancienneté, les salaires de 2023 ne permettent souvent pas de faire face au coût très élevé de plusieurs  budgets :

 

loyer en région parisienne,

 

assurance logement,

 

gaz,

 

électricité (le prix de l'électricité, énergie bon marché jusqu'au début des années 2010s, a commencé à augmenter fortement avant l'épidémie de Covid-19, donc avant 2020).

 

alimentation,

 

billets de train (moyen de transport autrefois accessible),

 

vacances, dont les voyages scolaires de ses propres enfants
(coût moyen pour un voyage de cinq jours pour un lycéen :
400 euros environ).

 

Assurance logement : nous publierons dans une prochaine édition l'augmentation des coûts d'une assurance logement sur sept ans,
pour le même appartement, avec documents numérisés à l'appui.

 

Logement dans le privé : la situation est particulièrement difficile en région parisienne du fait du très haut niveau des loyers, et de l'augmentation importante et constante des prix de l'immobilier privé (location et achat) depuis les années 1980s.

 

Début 2017, "Pour Laurent Ghekiere, qui représente, auprès de l’Union européenne (UE), les organismes HLM français réunis au sein de l’Union sociale de l’habitat (USH), « il y a une vraie prise de conscience des Etats membres de la nécessité de développer le “logement abordable” ou social. Toutes leurs grandes métropoles subissent de très fortes pressions immobilières. En corollaire, les autres régions ou villes se vident, se désertifient, dans des mouvements parfois violents, surtout dans les pays de l’Est. »


Un premier indicateur est la part grandissante des dépenses consacrée par les foyers à leur logement (loyer ou crédit, charges…). Celles-ci représentaient 22,9 % du budget des ménages en 2013, contre 20,3 % treize ans plus tôt, à l’échelle de l’OCDE.


Au Danemark, sur cette période, elles sont passées de 26 % à 30 %, un record au niveau européen. La France figure parmi les pays où ce niveau est le plus élevé, à 26,7 % en 2013 (contre 23,2 % en 2000). Des moyennes nationales qui cachent évidemment de fortes disparités locales.


Autre constat, un nombre croissant d’habitants sacrifient plus de 40 % de leurs revenus au logement, atteignant donc un « coût excessif », selon la norme internationale....
"
http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/02/11/
le-logement-abordable-un-defi-pour-l-europe_5078066_3234.html

 

 

 

 

 

Habitat social : le loyer mensuel de certains HLM augmente également (en 2010, jusqu'à 30% d'augmentation en un an du loyer pour certains ensembles en Ile-de-France, suite à des travaux de rénovation).

 

Exemple : en 2010, dans les Hauts-de-Seine, passage de 320 à 450 euros pour une HLM de trois pièces de 50m2 sans ascenseur. Loyer pour un parking HLM : 43 euros. Garage HLM : 84 euros.

 

 

 

 

 

En 2019, dans le privé en région parisienne, un studio de 20 m2 se loue au minimum 700 euros par mois.

 

En 2015, dans le nord de Paris, l'un de nos collègues vit dans un 19 m2 loué 620 euros.

 

A Paris, une chambre insalubre de moins de 10m2 peut être louée 450 euros.

Ce constat a été effectué par un membre de notre collectif en 2015 :  cette chambre sous les toits, située à Paris, à proximité du Grand Rex, ressemblait à un placard, et, sans exagération, comme dans The Kid de Charlie Chaplin (1921), la pluie suintait du plafond et tombait sur le canapé-lit repliable.

 

En région parisienne, beaucoup de trois pièces (60 m2 environ) sont loués pour un minimum de 1200 euros.

 

 

 

 

 

Quant aux logements sociaux (HLM), toujours en région parisienne, pour un 50 / 60 m2, le loyer d'un nouveau locataire se situe entre 450 et 800 euros.

 

La modernité de la construction, la présence d'un ascenseur
et la proximité d'un moyen de transport font nettement monter le loyer.

 

Rappelons qu'obtenir une HLM en région parisienne demande
de nombreuses années.

 

D'après Le Monde, il y avait à Paris, en 2012, "135 000 dossiers en attente de logement social".

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/09/22/
a-paris-le-puits-sans-fond-des-135-000-dossiers-en-attente-de-logement-social
_1763992_823448.html

 

Certains jeunes enseignants n'ont d'autre choix que de vivre en colocation.

 

Nombre d'enseignants célibataires ont du mal à trouver un logement : rappelons que beaucoup de propriétaires demandent un salaire qui soit le triple du loyer.

 

Il reste ensuite à payer :

 

- les impôts sur le revenu

 

- Internet et le téléphone

 

- le passe de transports en commun / la voiture

 

- l'alimentation

 

- les vêtements

 

- l'électro-ménager

 

- Facture de gaz : un membre de notre collectif a reçu deux factures ENGIE (ex GDF) d'un montant global de 566 euros pour quatre mois (hiver 2015) de chauffage individuel à une température pourtant très raisonnable - 19 degrés. Caractéristiques : appartement de 50 m2 mal isolé, un seul locataire.

 

Hiver 2019-2020 > Janvier 2020 - décembre 2019 :

300,69 € pour chauffer le même appartment, à 19 degrés, seulement la nuit.

 

Hiver 2015- 2016 : du 23/11/15 au 26/01/16, pour 3806 kWh de gaz naturel, la facture s'élève à 235 euros.

 

- Facture EDF (électricité) : pour le même appartement, et avec un usage très limité des appareils électriques, le bilan annuel des factures est de 322 euros. Pour la même utilisation, la facture d'éléectricité a fortement augmenté en 2022 et en 2023 (chiffres dans prochaine édition).

 

- Le nombre de personnes habitant un appartement, l'utilisation fréquente de la machine à laver, ainsi que le type de chauffage de l'eau, tout ceci peut faire monter très fortement la facture d'électricité :

environ 1000 euros par an de facture EDF (2015) pour un appartement de 70 m2 équipé d'un ballon d'eau chaude, sans radiateurs électriques, et dans lequel vivent quatre personnes.

 


etc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2020-2016 : Dépenses mensuelles courantes (hors vacances)

 

Cette partie sera complétée dans une prochaine édition.

 

 

Nous avons interrogé une cinquantaine de collègues vivant en région parisienne.

 

Nombre d'entre eux sont célibataires, ou vivent seuls avec deux enfants, sans pension alimentaire, ou avec une pension peu élevée (300 euros par mois pour trois enfants).

 

Ces collègues gagnent en moyenne 2000 euros nets par mois.

 

 

 

 

Voici les chiffres qui figurent sur leurs factures  :

 

Energie > Gaz

 

Janvier 2020 - décembre 2019 :

300,69 € pour chauffer un appartement de 50m2 à 20 degrés, seulement la nuit + cuisson + douche.

 

 

du 27/01 au 22/03/ 2015,

220 euros pour une consommation raisonnable de gaz (cuisson-chauffage-douche) pour une personne dans un trois pièces de 50 m2 chauffé à 19 degrés : 220 euros, soit 110 euros par mois.

 

 

 

 

Energie > Electricité

 

Du 22/11/2014 au 22/01/2015,

pour une consommation minimum pour une personne vivant seule dans un studio équipé de machines à laver le linge et la vaisselle : 60 euros, soit 30 euros par mois.

 

Six premiers mois de 2015, pour une famille monoparentale avec trois enfants : 500 euros.

 

 

 

 

 

Logement > Location

 

- logement privé de 60m2 en région parisienne :

environ 1200 euros.

 


- logement HLM de 60m2 dans la même région :

environ 500 euros.

 

 

Loyer HLM le moins cher constaté par notre collectif (dans l'Ouest parisien) :

420 euros pour un 50 m2 sans ascenseur.

 

 

Loyers HLM les plus chers constatés (dans l'Ouest parisien) :

900 euros, charges comprises, pour un 85 m2 avec ascenseur (novembre 2016).

 

800 euros, charges comprises, pour un 75 m2 avec ascenseur.

 

 

 

 

 

Assurance MAIF RAQVAM

Evolution anuelle du prix TTC

 

2017

pour un trois pièces avec un minimum de biens > cotisation annuelle > tarif le plus bas : 150,23 euros.

 

+

 

Assurance MAIF risques professionnels (Autonome de solidarité) > cotisation annuelle > 35 euros.

 

=

 

197,78 euros par an, soit 16,48 euros par mois.

 

 

 

 

2016

pour un trois pièces avec un minimum de biens > cotisation annuelle > tarif le plus bas : 145 euros.

 

+

 

Assurance MAIF risques professionnels (Autonome de solidarité > cotisation annuelle > 34 euros par an, soit 2,8 euros par mois.

 

=

 

191 euros par an, soit 15,9 euros par mois.

 

 

 

 

- Assurance santé (mutuelle) > MGEN

 

89,6 euros chaque mois pour un salaire mensuel net de 2 384 euros.

 

Coût annuel : 1075 euros.

 

Cette cotisation est prélevée directement sur le salaire.

 

Elle apparaît donc sur le bulletin de paye, dans la colonne "A déduire".

 

 

 

 

- Alimentation hors frais de cantine scolaire :

 

Alimentation pour une famille monoparentale avec deux enfants : au minimum 150 euros par semaine, soit 600 euros par mois.

 

Famille monoparentale avec trois enfants : au minimum 200 euros de courses alimentaires par semaine, soit 800 euros par mois.

 

Le montant moyen d'une petite course est de 30 / 50 euros.

 

 

 

 

- Vêtements et chaussures

 

pour une famille monoparentale avec trois enfants : au minimum 800 euros par an, soit 66 euros par mois.

 

 

 

 

- Impôt sur le revenu pour un "parent isolé" (terme fiscal, case à cocher sur la déclaration de revenus) :

 

200 euros par mois de janvier à octobre, soit 2 000 euros par an, pour un revenu de 2384 euros.

 

Le versement d'une pension alimentaire fait baisser l'impôt.

 

 

 

 

- Taxe d'habitation locale sans redevance TV :

 

78 euros par mois de janvier à octobre (taxe d'une ville moyenne de la région parisienne).

 

 

 

 

- Redevance audiovisuelle (inclue dans la taxe d'habitation locale) : 136 euros par an, soit 11 euros par mois.

 

 

 

 

- Internet avec une ligne de portable :

 

35 euros par mois (tarif le plus bas chez Free) pour Internet illimité, téléphone fixe illimité et 2 heures de communication avec portable, SMS illimités, sans service TV. Tarif en vigueur en novembre 2016.

 

35.98 euros par mois en 2020.

 

36 euros par mois en 2019.

 

 

Comme beaucoup de Français, les enseignants ont souvent des factures mesnuelles Internet + portable d'un montant de 50 euros minimum.

 

 

 

 

- Voiture > essence, assurance, entretien :

 

au minimum 85 euros par mois. soit 1020 euros par an.

 

 

 

 

- Transports en commun en région parisienne :

 

2019 :

le Passe Navigo toutes zones coûte 75,20 euros par mois.

 

 

2016 : 73 euros par mois.

 

 

2015 : 70 euros par mois.

 

Pour les salariés, ce passe est remboursé en partie par l'employeur.

 

 

 

 

- Culture

 

Concerts : en 2015, pour un concert pop, le prix moyen d'une place
est de 100 euros.

 

Cinéma : en 2015, en région parisienne, pour une personne
qui n'est ni au chômage, ni étudiant, ni enfant, le prix d'une place
varie entre 10 et 14 euros.

 

Dans le réseau Pathé, en 2016 à Paris, le prix d'une place étudiant
est d'environ de 10,50 euros (prix constaté fin février 2016 au Pathé Beaugrenelle).

 

Selon nos informations, le cinéma le plus cher de Paris serait le Pathé Beaugrenelle : 14 euros la place (15,50 euros pour un film en 3D).

 

Dans la capitale, pour des adultes, aller au cinéma en couple coûte donc entre 20 et 28 euros.

 

Nous insistons sur "en couple" : certains organismes écomiques et certains média présentent souvent les prix de façon unitaire et abstraite, alors que dans la réalité, les prix s'additionnent. On va souvent au cinéma en amis, en couple ou en famille.

 

A Paris, pour une famille de 2 adultes et de 2 adolescents - qui ne sont donc ni des enfants ni des étudiants -, selon les salles, le prix d'une sortie cinéma s'élève à environ 50 euros.

 

Rappelons qu'en Ile-de-France, le passe transport Imagine R, réservé aux jeunes, donne accès à des places de cinéma à prix réduit. Mais tous les collégiens / lycéens n'ont pas ce passe.

 

Dans les années 1950s-1970s-début des années 1989s, aller au cinéma ne coûtait presque rien (un concert rock / pop était également accessible).

 

 

 

 

 

- Transports > Train

 

Il en est désormais du cinéma comme du train, moyen de transport inaccessible pour certaines familles en 2015, mais auquel tous les français, après la deuxième guerre mondiale (1945-1960s), pouvaient accéder, grâce à un système de 1ère, 2e et 3e classe : dans beaucoup de trains, les wagons de 3e classe étaient les plus nombreux.

 

Pour l'Etat, le train était un service "tout public", ce qui n'est plus le cas : en 2015, le train n'est plus considéré comme un service tout public par la SNCF.

 

Le cinéma, le train... l'on pourrait donner d'autres exemples, notamment avec certains produits alimentaires - le café, les pommes -, ou le gaz et l'immobilier, ce dernier secteur étant en hausse forte et continue depuis la fin des années 1970, aussi bien pour l'achat que pour la location.

 

En 2019, et tout particulièrement en région parisienne, pour une personne seule, un salaire moyen - entre 1700 et 2000 euros - permet tout juste de gérer un coût de la vie qui est devenu très élevé.

 

Nous employons à dessein "coût" plutôt qu'"augmentation" ou "inflation".

 

Les salaires sont à mettre en relation avec le coût de la vie, donc avec les prix : avec mon salaire, je peux acheter - ou non - tel produit, tel bien ou tel service.

 

C'est une évidence, et pourtant certains économistes répètent à l'envi que l'inflation annuelle est très faible en France - comme si une faible inflation de court terme - pâr exemple mesurée sur un an - était synonyme de faible coût de la vie - un beau tour de passe-passe linguistique, qui fait oublier le "cumul inflationniste", les augmentations importantes et constantes de certains produits, biens et services depuis les années 1980s (immobilier, café, légumes, fruits, gaz, électricité, billets de train), alors que la plupart des salaires ont stagnés ou régressés durant la même période.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme on le constate, ce type de budget est très difficile à tenir,
surtout pour une personne vivant en région parisienne et qui élève seule une famille de deux enfants (les allocations familiales sont peu élevées pour deux enfants : début 2015, elles ne sont que de 129 euros par mois).

 

Dans ces conditions, il est souvent impossible d'épargner,
de partir en vacances ou de faire face à des imprévus, aussi élémentaires soient-ils (achat d'un nouveau réfrigérateur).

 

Pour un enseignant vivant seul et ayant deux enfants, mais qui doit assumer, suite à une séparation ou à un décès, ou encore suite au chômage prolongé ou de la madie chronique du conjoint, partie ou totalité des frais relatifs à l'éducation de ses enfants et parfois aussi de ses beaux-enfants (voyages scolaires, vacances, loisirs, études supérieures), ces salaires sont très insuffisants.

 

Face à des dépenses de première nécessité, l'insuffisance du salaire produit une dette forcée :

 

racheter un ordinateur,

 

une machine à laver, une voiture neuve ou une voiture d'occasion,

 

payer le loyer de son enfant étudiant (en France ou à l'étranger),

 

payer des soins mal remboursés par la sécurité sociale et la MGEN.

 

Une seule de ces dépenses devient parfois impossible, ce qui entraîne découvert ou prêt.

 

Juste une digression : en 2015-2019,  en cas de découvert non autorisé (vous n'avez pas signé d'autorisation de découvert), un retrait d'espèces - quel que soit le montant - est facturé 8 euros par le Crédit Mutuel, BNP Paribas et d'autres banques.

 

Le découvert n'est ici pas autorisé par contrat, alors que le retrait est toujours permis. Il serait intéressant de connaître les revenus que les banques tirent de cette pratique.

 

Insuffisants pour gérer les budgets mensuels, les salaires de 2019 permettent d'autant moins de faire face aux aléas de la vie :

séparation,

divorce,

décès d'un conjoint hors mariage,

chômage longue durée du conjoint,

enfant majeur qui n'arrive pas à trouver un travail et qu'il faut aider financièrement,

frais d'études supérieures des enfants,

congé maladie de longue durée,

frais éventuels de justice, etc.

 

 

 

 

 

Certains problèmes pouvant s'amalgamer, la situation financière
d'un enseignant - comme de toute autre personne percevant un salaire équivalent  - peut devenir difficile, surtout dans les cas suivants :

 

- on se retrouve seul, suite à un divorce, une séparation
ou un décès "hors mariage".

 

-  on n'a pas d'épargne.

 

-  on n'est pas propriétaire.

 

- on n'attend pas d'héritage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernier point : qui dit salaire dit retraite.

 

Sauf changement radical de l'économie dans les prochaines décennies, les salaires de 2020 ne permettront pas à tous les enseignants d'avoir une retraite décente et digne.

 

Sont tout particulièrement concernés ceux qui :

 

- sont entrés tardivement dans la fonction publique (vers 30 ans, soit parce qu'ils se sont occupés de leurs propres enfants, ont fait de longues études, ont séjourné à l'étranger, ont travaillé avant dans le privé avec des périodes de "petits boulots" et / ou de chômage, etc.).

 

- vivent seuls ou en concubinage :

hors mariage, en cas de décès du conjoint, il n'y a pas de pension de réversion.

 

- ont perçu un salaire moyen (2000 euros environ) tout au long de leur carrière, et qui, faute d'avoir pu constituer une épargne avec des salaires aussi bas et des prix à l'achat aussi élevés, n'ont pu acheter de bien immobilier. Rappelons qu'en région parisienne, les prix de l'immobilier ont commencé à "flamber" au milieu des années 1980s.

 

- n'ont pas accès au logement social.

 

Si aucune mesure n'est prise en 2023, il est certain que nombre d'enseignants auront une retraite indigente.

 

Cette paupérisation, qui frappe déjà nombre de retraités - par exemple les personnes vivant seules, non propriétaires et ayant travaillé au SMIC toute leur vie - touchera inévitablement certains enseignants célibataires et sans patrimoine, sans parler d'une certaine catégorie du personnel non-enseignant comme par exemple les agents d'entretien ou de maintenance (1700 euros environ après 30 ans de carrière - chiffre à vérifier).

 

Dans ce cas, il n'est pas exagéré de parler de paupérisation : en 2016, certains perçoivent une retraite qui se situe juste au-dessus du minimum vieillesse : 800 euros pour une personne seule.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme le montant des salaires, celui de la retraite pose un problème non seulement économique mais aussi éthique, problème d'autant plus grave que l'espérance de vie ne cesse de s'allonger :

 

quel est le sens d'une retraite et quel est le sens de la vieillesse
si l'on ne peut en profiter pleinement et que l'on doit rester chez soi, en arrivant à peine à payer loyer, gaz, électricité, alimentation et impôts ?

 

Il n'y a ici aucune exagération : en 2016, un enseignant certifié (qui a le CAPES mais pas l'agrégation), célibataire et non propriétaire, qui vit en région parisienne, a déjà le plus grand mal à boucler ses fins de mois avec son salaire.

 

 

Il n'y a rien de plus indigne que d'avoir travaillé dur toute sa vie et de finir ses jours dans l'indignité, en quémandant des aides.

 

Vieillir dans la précarité ou dans la pauvreté, est-ce une fatalité économique, voire une "religion" ?

 

L'économie doit-elle nécessairement créer des catégories sociales aussi disparates (pauvres, précaires, revenus faibles, revenus moyens, revenus élevés, grandes fortunes, très grandes fortunes), et toujours fonctionner sur ce mode ?

 

Est-il impossible de réfléchir à une répartition plus égale des salaires ?

 

Ces questions feront sans doute sourire , tant il nous a été inculqué par les gouvernements successifs - et leurs médias - un mode de non-pensée aux effets néfastes : l'impossibilité.

 

Impossible de sortir de l'austérité, impossible de gérer autrement les conséquences de l'austérité sur la vie des français, alors même que les politiques ont du mal à expliquer précisément la nécessité, et surtout les effets positifs actuels et à venir de l'austérité, notamment sur le chômage et sur la dette publique.

 

En France, le chômage massif existe depuis plus de trente ans (1985-2020).

 

Comment et quand l'austérité et les différents dispositifs pour l'emploi mis en place par les gouvernements - de droite comme de gauche - vont-ils réduire nettement le chômage ?

 

En 2016, de quels secteurs viendraient les centaines de milliers d'emplois nécessaires pour, non pas infléchir la courbe du chômage - ce qui ne veut rien dire, ni statistiquement ni économiquement - mais faire reculer le chômage de façon importante et durable, en créant plusieurs centaines de milliers d'emplois durables, sur plusieurs années ?

 

De même, la dette publique -  2.023,7 milliards en juin 2014 - a doublé en dix ans.

 

Pour rappel, le cap des 1.000 milliards a été franchi en 2003.

 

Comment et quand la politique d'austérité pourrait-elle réduire cette dette de façon importante et durable ?

 

 

 

 

 

Revenons à cette culture de l'impossibilité, culture délétère
qui d'année en année devient une non-pensée et un mode, non de vie, mais de fonctionnement.

 

Non seulement elle dégrade la qualité de vie de nombre de Français, mais elle crée aussi de graves problèmes psychologiques :

 

vivre depuis plus de trois décennies (1985-2020) - pour certains, cela représente les deux tiers de leur vie professionnelle - dans une économie bloquée, où l'on n'ose plus espérer, ni pour soi ni pour ses enfants, aucune amélioration nette de sa situation, peut être facteur de stress, d'épuisement, d'angoisse et / ou de dépression (voir sur le site du Sénat les statistiques sur la consommation de psychotropes en France).

 

Avoir toujours du mal à boucler ses fins de mois et / ou être souvent ou toujours en découvert, avec à l'horizon une retraite très insuffisante, a pour conséquence une vie dégradée, dans laquelle aucun projet n'est possible, surtout pour une personne seule, sans économie et sans bien immobilier.

 

Pour certains, "la vie se résume à payer les factures" (citation d'un collègue début 2016) : d'une façon insidieuse, cette vie suspendue aux virements de salaire nous impose des sujets, des mots et une façon de penser qui nous étaient auparavant étrangers.

L'économie libérale mise en place depuis les années 1980s nous impose un mode de travail et de vie, et dégrade souvent  notre manière de penser et de parler.

Prenons par exemple un enseignant français vivant seul, avec 25 ans d'ancienneté, qui déciderait de faire le même métier en Allemagne : l'augmentation du salaire mensuel serait conséquente (entre 500 euros et 1000 euros de plus), le mode de travail et de vie serait complètement changé, ainsi que, sans doute, la manière de penser et de parler.

Les "pauvres" sont souvent caricaturés parcequ'ils "parlent mal', "n'ont pas d'éducation" : mais certaines personnes, même "éduquées" / "diplômées", prise au piège de la pauvreté, en viennent à perdre leur langage et à parler "comme des pauvres".

Ce n'est pas le cas de la majorité des enseignants en France, mais nombre d'entre eux, sans être "pauvres", connaissent la précarité : il ne fait aucun doute que notre langage change quand nous travaillons dans des établissements difficiles / "épuisants" et que, en plus, nous avons du mal à payer nos factures.

Notre collectif a recueilli, depuis plus de 25 ans, des témoignages d'enseignants, qui montrent de manière certaine que la dégradation des conditions de travail va de pair avec un appauvrissement du langage : certains nous ont confié qu'ils en arrivaient à parler comme leurs élèves, en dehors du collège ou du lycée.

 

 

 

 

 

Une masse salariale mieux répartie, des salaires plus égaux à l'Education nationale, dans la fonction publique et dans le privé, est-ce un "rêve", de "l'utopie", de la "naïveté" ?

 

Les congés payés,

 

les 35 heures,

 

le salaire minimum (SMIC),

 

l'assurance chômage,

 

le revenu de solidarité active (RSA),

 

la retraite,

 

la sécurité sociale,

 

l'éducation primaire, secondaire et universitaire presque gratuite,

 

la scolarité obligatoire,

 

la construction de logements sociaux

après la deuxième guerre mondiale,

 

l'interdiction du travail des enfants,

 

le vote des femmes,

 

la légalisation de l'avortement,

 

l'abolition de la peine de mort,

 

l'interdiction de fumer dans tous les lieux publics...

 

 

 

 

 

Tous ces "rêves", souvent tournés en dérision en d'autres temps, sont devenus réalités en France.

 

Parfois même le rêve / l'utopie - mots dévalués par les médias dominants - est devenu loi.

 

Les problèmes à régler étaient certes d'une tout autre nature que la grande crise (1985-?) que nous traversons, et nous savons aussi qu' il n'y a rien de plus difficile que de sortir d'une longue crise économique, conjuguée à une désindustrialisation massive (à l'inverse de l'Allemagne), et à une dette qui a presque dépassé le PIB.

 

Nous ne sommes pas économistes et nous ne prétendons pas avoir de solutions pour sortir de la désindustrialisation, de la crise et de la dette.

 

Mais une répartition plus égale des salaires (fourchette de 1 à 3),
ainsi que d'autres dispositifs (mesures contre l'évasion fiscale, effort massif pour construire des logements sociaux, et notamment des studios à prix très modéré pour les jeunes, permettraient à beaucoup d'entre nous de mieux supporter la crise, et notamment la crise du logement.

 

Un effort historique de construction de logements sociaux
- qui se heurterait au lobby des banques et de l'immobilier - permettrait notamment à nombre de Français de dépenser beaucoup moins dans le logement et dans les prêts bancaires, et donc plus dans d'autres secteurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Références

 

Immobilier

https://www.mediapart.fr/journal/france/040623/
crise-du-logement-je-me-sens-comme-un-rebut-
de-cette-societe

 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/01/06/
l-immobilier-a-flambe-en-2019
_6024920_3234.html

 

https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/04/12/
a-paris-la-fievre-de-l-immobilier-ne-retombe-pas
_5449065_1657007.html

 

 

 

Industrie

https://www.npr.org/2018/01/03/
572901119/how-germany-wins-at-manufacturing-for-now

 

 

 

Tarifs réglementés de l’électricité :

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/06/16/
pourquoi-les-tarifs-reglementes-de-l-electricite-vont-ils-
augmenter-retroactivement
_4952043_4355770.html

 

 

 

« Sur le concept d’histoire », son dernier écrit de 1940, Walter Benjamin soulignait combien tout réel bouleversement démocratique et social de l’ordre existant suppose un autre imaginaire du temps" :

https://blogs.mediapart.fr/joseph-confavreux/blog/270516/
le-temps-de-la-revolte

 

 

 

Mondialisation

 

http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/11/11/
made-in-france-vingt-ans-de-crise-un-peu-d-espoir
_5213513_3234.html

 

http://www.npr.org/2016/04/18/
474393701/china-killed-1-million-u-s-jobs-but-don-t-blame-trade-deals

 

 

 

Pension de réversion

https://www.lemonde.fr/argent/article/2018/07/30/
pensions-de-reversion-dix-chiffres-a-connaitre
_5337373_1657007.html

 

 

 

Wealth segregation aux Etats-Unis :

https://cepa.stanford.edu/sites/default/files/
the%20continuing%20increase%20in%
20income%20segregation%20march2016.pdf

 

 

 

Wealth > Global wealth inequity

http://www.npr.org/sections/thetwo-way/2017/01/17/
510271789/gulf-between-richest-and-poorest-is-wider-than-previously-thought-oxfam-says

 

 

 

Budgets personnels aux Etats-Unis :

http://www.npr.org/2016/04/24/
475432149/could-you-come-up-with-400-if-disaster-struck

 

 

 

Reprise / la création d'emplois aux Etats-Unis :

http://www.npr.org/sections/thetwo-way/2016/05/06/
477009780/u-s-economy-gains-160-000-jobs-in-april-
unemployment-rate-holds-steady

 

 

 

Salaires des enseignants aux Etats-Unis :

http://www.nytimes.com/2015/08/12/
opinion/frank-bruni-can-we-interest-you-in-teaching.html

 

 

 

Chômage de masse en France :

 http://www.lemonde.fr/emploi/article/2016/01/17/
ce-qu-on-n-a-jamais-essaye-contre-le-chomage
_4848777_1698637.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voir aussi

 

revendications salariales et statutaires

des professeurs de collège et de lycée

 

 

 

 

Voir aussi > Anglonautes > Vocapedia

 

education, learning,

schools, universities / colleges > UK

 

 

education, learning,

schools, universities / colleges > USA

 

 

France

 

 

France > Covid-19 outbreak > Videos >

May 2020

 

 

France > Covid-19 outbreak > Videos >

March - April 2020

 

 

 

 

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